Conseil métropolitain du 12 février 2021.
Intervention d’Aurélien Boulé, conseiller métropolitain, conseiller municipal de la ville Nantes.
On le sait : le vélo se développe fortement. Il fait bouger les lignes, et nous interpelle sur notre capacité à redistribuer l’espace public, au profit des modes actifs. Cette métropole nantaise cyclable, nous travaillons à sa construction depuis des années, et cette délibération en constitue l’un des jalons importants. Mais concrètement, à quoi ressemblera-t-elle ?
Imaginez Isabelle, de Couëron, 35 ans. Elle est maman de deux petites filles. Tous les matins, elle les accompagne à l’école – chacune sur leur vélo – via les itinéraires de maillage qui irriguent la commune, désormais en zone 30. Isabelle rejoint ensuite ses collègues Fatima et Bertrand. Comme d’accoutumée, ils empruntent le Réseau magistral en bavardant.
Cet axe leur permet d’atteindre le parking-vélo sécurisé de leur entreprise, place Bretagne, en 45 minutes, à près de 25 km/h, et en toute sécurité. 100% en site propre, avec une piste séparée de la voirie automobile par un dispositif physique, avec un revêtement continu différencié, le Réseau magistral a permis à Isabelle de ne plus avoir peur à vélo. Ce sont surtout les nouvelles intersections sécurisées qui l’ont convaincu de se remettre en selle : car celles-ci donnent la priorité aux vélos, avec des traversées ininterrompues.
Alain, son père, est également rassuré. Il peut à nouveau utiliser sa voiture pour aller à la déchetterie : la séparation des modes, la baisse du trafic routier et la fluidité retrouvée grâce à l’important report modal lui permettent d’avoir une vision sereine de l’espace public. Aussi, il utilise son vélo, remis à neuf dans un atelier d’auto-réparation, et va faire ses emplettes dans les commerces de proximité. Depuis que la métropole comprend 80% de rues apaisées à très faible trafic motorisé, Alain respire mieux et ses crises d’asthme ont disparu.
Sa voisine, Martine, 75 ans, a quant à elle décidé de revendre son auto. Après avoir suivi le stage de “Vélo-école pour adultes” de Place au Vélo, elle a repris confiance et ne se sépare plus de son biclou. Le mercredi, elle traverse le centre-ville via les vélorues, où circulent de nombreux piétons et cyclistes. Arrivée à la Gare Nord, elle passe devant les 676 places de la Cyclo Station, et emprunte avec son vélo le tram-train, en direction de “Saint-Sébastien Frêne Rond”. À travers les fenêtres du convoi en mouvement, elle se réjouit de sa qualité de vie.
À la station, Gwenn, sa petite-fille l’attend avec son nouveau VAE. Elles se réjouissent de se promener ensemble dans les quartiers alentours, aujourd’hui totalement apaisés. La Route de Clisson accueille des milliers de cyclistes, grâce à une branche du Réseau magistral constituée de larges pistes monodirectionnelles, connectées aux axes secondaires. Grâce à ces infrastructures qui lui rappellent celles vues à Utrecht, aux Pays-Bas, Gwenn fait partie de ces 12% de métropolitains qui se déplacent à vélo.
Anne, sa petite amie, sans ressources, associe plaisir et déplacements à faibles coûts, grâce à la combinaison “vélo et transports collectifs”, pour se rendre à l’Université. À l’aide de son vélo prêté par Vélocampus, elle dévale le Boulevard Charles Gautier, à Saint-Herblain, où elle habite, et emprunte le tram ou le métro de la TAN. La mise à niveau de cet itinéraire cyclable lui a permis de gagner en termes de fluidité, d’intuitivité du parcours, de garantie de temps de déplacement et de sécurité.
Mes chers collègues, cette métropole cyclable, elle se construit par étapes. Le Schéma Directeur des Itinéraires Cyclables et le Référentiel des Aménagements Cyclables sanctuarisent cette vision d’ensemble, systémique.
Ainsi, ce plan stratégique nous permettra de :
– Faire émerger un réseau magistral performant qui irriguera tout le territoire métropolitain.
– Anticiper une part modale du vélo à 12% à horizon 2030.
– Créer une rupture dans l’aménagement et l’usage de l’espace public, en accompagnant une logique de transition écologique et d’apaisement.
– Innover et s’inspirer des meilleures pratiques.
Ainsi, nous ferons de Nantes Métropole un laboratoire de la ville cyclable du 21ème siècle ; une agglomération, où les cyclistes n’auront plus à négocier avec les automobiles une place sur l’espace public, où les habitants les plus fragiles circuleront en toute confiance à deux roues, où le vélo sera devenu l’un des modes de déplacements les plus désirables et efficaces.
C’est pourquoi, comme mes collègues du groupe socialiste, écologiste, radical, républicain, démocrate et apparenté-e-s, je me prononcerai en faveur de ce projet de délibération.