Conseil métropolitain du 10 février 2023
Intervention de Mahaut Bertu, adjointe-au-maire de Nantes, conseillère métropolitaine,
Seul le prononcé fait foi…
Madame la présidente, cher-e-s collègues,
La budgétisation sensible au genre représentera un des leviers phares de la transformation de l’action publique. La budgétisation sensible au genre sera un des outils majeurs qui permettra à Nantes, d’ici 2030, d’atteindre son objectif de première ville non-sexiste de France.
Aujourd’hui, alors que une prise de conscience collective existe sur le fait que les finances publiques laissent encore persister les inégalités de genre, voir les aggravent, il apparaît nécessaire et fondamental que notre Métropole soit exemplaire concernant l’égalité entre les femmes et les hommes.
Pour exemple, le département de la Gironde, qui s’est rendu compte dans son plan d’action départemental pour l’égalité femmes-hommes entre 2016-2020 que 75 % de son budget de loisirs bénéficiait essentiellement aux hommes. C’est pour cela qu’il faut agir ici, et vite. Pour éviter que à partir de l’entrée au collège, les jeunes filles décrochent complètement des activités de loisirs. Pour éviter que ces jeunes filles renoncent à des pratiques qui leur tiennent à cœur, et ce, sous principe qu’elles ne trouvent plus leur place.
La budgétisation sensible au genre vise à intégrer cette perspective dans tout le cycle budgétaire pour analyser l’impact différencié des recettes et des dépenses des budgets publics sur les femmes et les hommes et proposer des mesures pour rééquilibrer les écarts constatés. Il s’agira ici d’être à l’équilibre. Demain, quand nous construirons un terrain de football pour les garçons, il faudra en faire autant dans un sport où les filles sont surreprésentées, ou alors, dépenser plus pour accroître la mixité dans le football, et ce, en agissant au plus près des fédérations, des clubs.
Le budget sensible au genre n’est pas un budget séparé pour les femmes et les hommes, il n’est pas non plus une dépense supplémentaire. C’est un budget qui poursuit la volonté d’obtenir une meilleure justice sociale et une égalité réelle, en s’assurant que nos politiques publiques ne viennent pas produire de nouvelles inégalités.
Ce budget, c’est une autre manière de piloter les finances publiques, de reconnaître le caractère systémique du sexisme qui peut toucher tous les domaines, des sphères sociales aux sphères institutionnelles.
La démarche du budget sensible au genre pourra se décliner dans plusieurs politiques publiques métropolitaines, j’entends ici notamment l’emploi, mais aussi la fabrique de la ville, les mobilités ou encore le matrimoine et le patrimoine. L’intérêt que je vous sais, concernant vos communes et ce, vis à vis du respect de l’égalité entre les femmes et les hommes, pourra à travers le budget sensible au genre, vous permettre de partager vos expériences dans le cadre du G24 égalité femmes-hommes.
Cet outil, préconisé par l’ONU et le Conseil de l’Europe, est déjà utilisé à Rennes, Strasbourg et Lyon. D’autres villes comme Brest, Bordeaux, Ivry-sur-Seine ou encore Grenoble ont adopté une BSG sectorielle dans les secteurs les plus marqués par les asymétries de dépenses, tels que la culture, les espaces verts ou encore le sport.
La budgétisation sensible au genre est avant tout un outil d’évaluation de politique publique, qui nous permettra de mettre en relation les moyens investis avec l’atteinte d’objectifs de lutte contre les inégalités de genre. C’est également un outil de performance, de transparence et de réparation.
Madame la Présidente, Cher-e-s collègues,
Je vous remercie.